À Biarritz (Pyrénées-Atlantiques)
Sur l’autel de l’église Saint-Martin, à Biarritz, Don Arnaud Amayon agite allègrement l’encensoir. « C’est sympa d’avoir un encensoir, même si ça en fait tousser certains », blague au micro le jeune prêtre, issu d’une famille de militaires. En ce dimanche d’après Pâques, les bancs de l’assemblée sont bien remplis. Vêtus de blanc, les deux prêtres et le diacre, tous trois membres de la communauté Saint-Martin, passent fréquemment saluer l’autel, imités par les deux garçons de chœur. Lors de la consécration de l’hostie et du vin, l’écrasante majorité des fidèles s’agenouillent ; beaucoup demandent à recevoir l’hostie sur la langue et non dans les mains. Des pratiques tombées en désuétude depuis le concile Vatican II et qui font leur retour ces dernières années dans les franges les plus ferventes du catholicisme français, comme le relève le politiste Yann Raison du Cleuziou dans Une contre-révolution catholique : aux origines de la Manif pour tous (Seuil, 2019).
Commentant les lectures bibliques dans un style théâtral, bras écartés, le prêtre s’en prend aux « polémiques sur l’écologie », insistant sur le fait que l’homme n’est pas le seul responsable de la crise actuelle. « Vous le savez comme moi, les changements climatiques existaient déjà au temps des pauvres petits dinosaures. Et il n’y avait pas encore les Gafa à l’époque. » Ce relativisme écologique tranche avec la célèbre encyclique du pape François publiée en 2015, Laudato si’, très exigeante sur la remise en cause de son mode de vie et de production que l’homme doit opérer. Il faut dire que peu de temps après la parution du texte papal, un autre prêtre s’empressait d’écrire dans la revue trimestrielle de la communauté Saint-Martin qu’il serait vain d’y chercher un « catalogue des recettes aux problèmes écologiques actuels, ou une prise de position définitive de l’Église catholique sur tel ou tel problème particulièrement sensible aujourd’hui (la décroissance, le nucléaire, etc.) ». De quoi rassurer les catholiques qui bosseraient pour des entreprises polluantes quant au discours radical de François.
Nous, on nous a enlevé notre prêtre, et on a tous eu le sentiment d’être chassés de notre église.
Une telle messe aurait été impensable à Biarritz il y a une quinzaine d’années. Mais l’arrivée en 2008 de Mgr Marc Aillet à la tête du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, puis, quatre ans plus tard, de « sa » communauté Saint-Martin, a radicalement changé la donne. Un après-midi pluvieux de la fin avril, une dizaine de paroissiens sont réunis chez Marie Contraires.