Le 19 mars, de Versailles où il s’est enfui la veille (lire l’épisode 5, « 18 mars 1871, l’insurrection est venue »), Adolphe Thiers glapit ses menaces sur les brigands de ce Comité central qui prétend restituer à Paris ses libertés : « Des hommes de désordre, des assassins qui ne craignent pas de semer l’épouvante et la mort dans une cité qui ne peut se sauver que par le calme, le travail, le respect des lois. Ces hommes ne peuvent être que les stipendiés de l’ennemi ou du despotisme. Leurs crimes, nous l’espérons, soulèveront la juste indignation de la population de Paris, qui sera debout pour leur infliger le châtiment qu’ils méritent. » La houppe en étendard, le vindicatif chef de l’exécutif joue de la badine avant que du clairon. La troupe qui l’a suivi à Versailles est un ramassis. Des demis mal-léchés, mal guêtrés aux souliers qui baillent, des crosses-en-l’air qui, à l’estaminet, choquent leur verre avec celui de la Sociale, des officiers démontés aux épaulettes effrangées, sans ordres ni contre-ordres. Qu’à cela ne tienne, le madré vieillard s’opiniâtre : le Prussien Bismarck doit libérer les régiments de l’Empire retenus prisonniers et laisser l’armée se reconstituer à Versailles. Le Chancelier condescend. Face aux velléités d’un Comité central encore imprévisible, monsieur Thiers veut gagner dix jours.
Reprenons : « Un comité prenant le nom de Comité central après s’être emparé d’un certain nombre de canons, a couvert Paris de barricades, et a pris possession pendant la nuit du ministère de la Justice. (…) Quels sont les membres de ce comité ? (…) Sont-ils communistes ou bonapartistes, ou Prussiens ? Sont-ils les agents d’une triple coalition ? (…) Voulez-vous prendre la responsabilité de leurs assassinats et des ruines qu’ils vont accumuler ? Alors demeurez chez vous ! Mais, si vous avez le souci de l’honneur et de vos intérêts les plus sacrés, ralliez-vous au gouvernement de la République et à l’Assemblée nationale. » Aux diatribes de Thiers, Paris montre le dos.