Certaines images en disent plus que de longs discours. C’était, ainsi que l’a montré l’émission Quotidien, au tout début du débat des candidats à la présidentielle de TF1 lundi soir : juste avant d’entrer sur le plateau, François Fillon est figé, raide comme un « i », les mains croisées devant lui. Sourd à la voix de la « topeuse » qui, depuis les coulisses, lui répète à quatre reprises « top, top, top, top » et autant d’« il faut y aller ». Comme pétrifié, incapable d’avancer. Une fois en plateau, lors des deux premières heures de débat, François Fillon ne sera pas beaucoup plus vif. Il n’était pourtant pas seul face aux autres candidats : il était coaché en direct, via SMS, par sa conseillère en stratégie et en communication Anne Méaux, ont révélé Le Parisien et Le Figaro. En position de marionnette, sous perfusion, François Fillon donne l’impression de continuer sa campagne en mode zombie. Sa communicante lui a permis de rester en vie. Après la défection de son directeur de campagne Patrick Stefanini, son poids et son influence auprès du candidat ont encore grandi.
Après les toutes premières révélations du Canard enchaîné, le 25 janvier, sur l’emploi présumé fictif de Penelope Fillon, l’épouse du candidat, comme assistante parlementaire, la com d’Anne Méaux avait complètement échoué à enrayer la crise (lire les épisodes 1, 3 et 4). Le jour de l’annonce de la convocation de François Fillon chez les juges, le 1er mars, Anne Méaux est repassée à l’offensive. Cette fois plutôt avec succès, grâce à une mise en scène qui s’est étalée sur cinq jours. La « séquence » contre-feu commence le 1er mars. La patronne d’Image 7 dramatise la convocation des juges, en vue de la probable mise en examen du candidat, prévue pour le 15 mars. Attendu au Salon de l’agriculture au petit matin, le candidat annule sa venue au dernier moment. Déjà sur place, une partie de son équipe de communication découvre le coup de théâtre en direct, en même temps qu’elle en informe les journalistes. Anne Méaux est aux manettes, seule à décider.

Puis les rumeurs de retrait circulent pendant plusieurs heures, en attendant la conférence de presse prévue en fin de matinée, au QG du candidat, en présence de centaines de journalistes. Coup de théâtre, François Fillon, qui a vacillé toute la matinée, finalement, se maintient. Il dénonce notamment un « assassinat politique », expression qui sera largement reprise dans les médias.