La dédiabolisation n’est plus une priorité au FN. Le maître-mot de la communication de Marine Le Pen a été passé par-dessus bord en cette fin de campagne. Au cours des dernières semaines, la candidate du Front national a considérablement radicalisé son discours. Une stratégie qui n’a rien du hasard, élaborée avec sa cellule « idées-image » mise en place à la rentrée 2016, pour penser les actions et la stratégie de com de sa campagne. Le 9 avril, Marine Le Pen déclarait que la France n’est pas responsable de la rafle du Vel d’Hiv, s’inscrivant dans l’extrême droite ligne de son père dont elle s’était jusqu’ici évertuée à s’écarter. Dix jours plus tard, elle vantait sur BFMTV « les apports » de la colonisation en Algérie. Lors de ses deux derniers meetings, elle a matraqué un discours violemment anti-étrangers. Mercredi à Marseille, elle a parlé de « la submersion migratoire en train de tout emporter sur son passage », dénonçant « ces quartiers qui deviennent des zones étrangères » ou encore ces « Français relégués au second plan dans leur pays ». Enfin, l’attentat perpétré jeudi soir sur les Champs-Élysées (lire l’épisode 24 d’En relation avec une entreprise terroriste) lui a offert sur un plateau la possibilité dérouler sa rhétorique la plus sécuritaire et les mesures radicales de son programme : « Expulsion de tous les fichés S » – alors même que l’auteur de l’attentat ne l’était pas – ou encore le « rétablissement des frontières », alors qu’il était Français. La candidate FN en espère une traduction concrète dans les urnes ce dimanche.
Marine Le Pen : mais pourquoi est-elle si méchante ?
La cheffe du FN s’est rediabolisée en cette fin de campagne. Derrière cette stratégie de com, il y a la cellule « idées-image ».
Texte
Aurore Gorius
Photo
Arnold Jerocki