Laure Wolmark est psychologue clinicienne, coordinatrice nationale du pôle santé mentale du Comede, le Comité pour la santé des exilés. Depuis quarante ans, cette association accueille des exilés pour leur permettre d’accéder gratuitement à des soins, quel que soit leur statut. Elle alerte aujourd’hui pour que ces publics fragiles ne soient pas oubliés dans la crise actuelle.
«On s’est organisé pour rester ouverts et, mardi, nous avons eu dix fois moins de personnes que d’habitude. Mais nous avons beaucoup de personnes non-francophones et on constate qu’elles ne savent pas vraiment quels sont les consignes et les gestes barrières. Elles ont été traduites et affichées dans certains lieux, mais les exilés parlent beaucoup de langues différentes, d’autres n’y ont pas eu accès parce qu’ils dorment à la rue ou dans des hébergements temporaires. Des patients comme ça, leur dire de rester chez eux, c’est compliqué. Plus globalement, depuis l’annonce du confinement, on a des informations qui arrivent au compte-gouttes sur le maintien ou pas des droits à la sécurité sociale, la prolongation des titres de séjour…
Une grosse partie de notre travail actuellement, c’est de téléphoner à nos patients pour leur expliquer que le Comede reste ouvert, mais que c’est mieux de ne pas venir dans l’immédiat si ce n’est pas très urgent. Là aussi, on a des difficultés car on n’a plus accès à des interprètes sur site, ils ne sont qu’au téléphone donc ce n’est pas pratique. C’est un vrai problème.