«Je passe une bonne partie de mon temps à parler au téléphone avec les familles. C’est une nouvelle charge de travail. » Régine est infirmière au centre hospitalier de Billom, dans le Puy-de-Dôme, à une vingtaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, qui comprend un Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) avec 237 lits. La direction a fermé l’établissement aux visiteurs il y a deux semaines, quelques jours avant que le Premier ministre, Édouard Philippe, n’impose cette interdiction à toutes les maisons de retraite. Les résidents sont depuis coupés de leurs proches, sauf pour les personnes en fin de vie. « Je dois aussi faire le gendarme entre les familles qui ont le droit d’entrer et celles qui n’ont plus accès et qui se montrent souvent très insistantes », poursuit Régine. Depuis le 11 mars, les Ehpad sont devenus des entités quasiment closes, afin de protéger une population âgée et fragile, très à risque dans l’épidémie de Covid-19. Déjà, plusieurs établissements ont connu des décès, parfois en nombre. Vendredi 20 mars, le groupe Korian, qui gère l’Ehpad de Thise, dans le Doubs, a annoncé le décès de douze des résidents de l’établissement. Sept d’entre eux sont survenus en quelques jours, entre le 14 et le 18 mars, au moment où les mesures de confinement étaient décrétées à l’échelle nationale. Les premiers cas positifs avaient été détectés le 5 mars. Aujourd’hui, sur les 80 résidents, une trentaine présente des symptômes.
À l’autre bout de la France, où la situation n’est pas encore aussi tendue que dans la région Grand Est (lire l’épisode 12, « “Il arrive, vous l’aurez, préparez-vous” »), l’Ehpad Les Aiguerelles à Mauguio, près de Montpellier, est l’un des clusters de l’épidémie de Covid-19 dans l’Hérault.