Cyril Castelliti est journaliste indépendant à Mayotte et aux Comores. Il vit sur une île
«Pour décrire la situation, je dirais qu’elle est ultra-angoissante et très floue. Ici, on a peur du coronavirus, mais ce n’est pas pour autant que cette crise supprime les autres peurs. À Mayotte, on a un seul hôpital pour 250 000 habitants officiellement, encore plus si l’on compte la population informelle [d’exilés illégaux]. En temps normal, cet hôpital est déjà saturé, mais en plus, nous vivons depuis des mois déjà une situation épidémique à cause de la dengue. C’était déjà un problème avant le confinement, j’ai pu voir à l’hôpital des gens défiler toute la nuit avec de fortes fièvres. Donc on sait que que ce n’est pas à l’hôpital qu’on sera sauvés du coronavirus.
Tout cela se passe sur une île où 10 000 à 15 000 jeunes vivent livrés à eux mêmes parce que leur famille a été expulsée mais qu’eux sont nés à Mayotte, ou alors se sont cachés. Ils vivent dans la « malavoune », la campagne reculée, ou dans des bidonvilles.