Philippe Bongrand est maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Il travaille sur l’instruction en famille en France, un domaine peu étudié alors qu’il existe depuis la loi de 1882 qui a rendu l’enseignement, mais pas l’école, obligatoire. Il coordonne actuellement un projet de recherche qui vise à réaliser « une sociographie de l’instruction en famille », dont les premiers résultats ont été détaillés dans un numéro de la Revue française de pédagogie. Pour lui, le confinement, qui oblige l’ensemble des élèves à travailler depuis chez eux, permet de mettre en lumière la diversité des foyers qui pratiquent l’instruction en famille à l’année, mais pose aussi la question de ce que l’Éducation nationale attend des parents qui n’ont pas choisi la situation actuelle.
Comment voyez-vous la situation actuelle, où l’ensemble des élèves étudient chez eux ?
L’amalgame, ce serait de penser que les familles qui vivent la situation actuelle expérimentent l’école à la maison comme des parents qui choisissent d’instruire eux-mêmes leurs enfants. Faire l’instruction en famille, cela renvoie à des conditions et à des pratiques qui sont tout à fait différentes. Les familles qui font ce choix ne sont pas isolées, ni repliées sur le domicile ; elles ont recours aux équipements publics, aux musées et médiathèques.