Mettre toute une population, ou presque, à l’arrêt, cela ne peut que provoquer un énorme choc économique. Mais à quel niveau exactement ? Mardi dernier, Bruno Le Maire a agité le spectre de 1929. « La crise à laquelle nous sommes confrontés, parce qu’elle touche l’économie réelle, parce qu’elle est mondiale, parce qu’elle peut avoir un impact très durable sur les chaînes de valeur dans le monde, n’est comparable, à mon sens, qu’à la grande récession de 1929 », a déclaré le ministre de l’Économie au cours d’une conférence de presse téléphonique. Ce discours est-il catastrophiste ou va-t-on vraiment se retrouver, comme dans les années 1930, avec une explosion des faillites, du chômage et, à l’arrivée, une montée des tensions géopolitiques ? Après deux semaines de confinement seulement, il est naturellement trop tôt pour le dire. Mais d’ores et déjà, on peut construire des scénarios sur l’ampleur de la récession qui s’annonce.
Parce que, s’il y a une chose sûre, c’est qu’il va y avoir une récession, c’est-à-dire une baisse du produit intérieur brut (PIB). C’est la conviction de Xavier Timbeau, directeur de l’OFCE, l’Observatoire français des conjectures économiques. Pour Les Jours, il explique la manière dont son institut a fait ses calculs. « Le premier effet du confinement, c’est de bloquer un nombre important d’activités : les cafés, les restaurants, les spectacles, l’événementiel, le tourisme, les transports… On estime que cela représente entre 10 % et 20 % de l’économie, qui se retrouve complètement à l’arrêt. Le deuxième effet, c’est le tarissement de la quantité d’heures travaillées, avec les gens qui restent chez eux, soit parce qu’ils y sont contraints, soit parce qu’ils exercent leur droit de retrait par peur d’être contaminés. Et le phénomène est aussi amplifié avec les arrêts pour garde d’enfants. » Selon l’économiste, on arriverait ainsi à une situation dans laquelle la moitié de l’économie serait touchée, tandis que l’autre fonctionnerait plus ou moins normalement. « Si le confinement durait un mois, on perdrait ainsi entre 2 et 3 points de PIB annuel », poursuit Xavier Timbeau. Avec deux mois de confinement, la perte serait de 4 à 6 points. Un ordre de grandeur qui est aussi avancé par l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Dans une note de conjoncture publiée jeudi dernier, l’organisme évalue à - 3 % l’impact comptable sur l’évolution annuelle du PIB d’un confinement d’un mois (et à - 6 % s’il dure deux mois).