Charles Autheman a 31 ans. Il est en Inde depuis trois mois où il s’est envolé pour « réaliser son rêve : partir à l’autre bout du monde pour venir en aide aux animaux ». Depuis le 24 mars, comme toute la population d’Inde, soit la bagatelle d’1,3 milliard de personnes, il est confiné. Lui est dans la province du Karnataka, un état du Sud-Ouest de l’Inde, logé pour l’instant dans une guest-house. Il cherche à rejoindre Paris, en vain.
«Dès le lendemain du discours de Modi [Narendra Modi, le Premier ministre indien, qui a annoncé le confinement de la population, ndlr], l’ambiance a changé. Tout est fermé, il y a des checkpoints partout mais il n’y a plus personne dans les rues, tous les commerces sont fermés, il n’y a plus que des vaches, des chiens et des chats.
Je suis dans une guest-house un peu à l’écart de Gonarka, une ville de la province du Karnataka, loin de tout aéroport. J’avais un billet Air France pour un retour à Paris le 27 mars, le jour de mon anniversaire, mais je n’ai eu aucun contact de leur part. J’ai bien reçu un mail de l’ambassade à New Delhi me disant qu’un vol au départ de Goa [à 200 kilomètres de Gonarka, ndlr] allait être organisé [« le seul et unique vol que la France affrètera à Goa », précise le mail, facturé « entre 450 et 600 euros », ndlr] mais je n’ai aucun moyen de rejoindre Goa. Il n’y a plus aucun taxi, ni aucun bus, ni de rickshaws. Je suis allé au commissariat pour obtenir une dérogation afin de pouvoir me déplacer, ils m’ont dit qu’il me fallait un certificat de bonne santé et m’ont envoyé à l’hôpital, un dispensaire. Mais là, il était vide. Tout était ouvert mais vide, comme si tout le monde était parti d’un coup.
Depuis, j’ai appelé l’ambassade à New Delhi, ils m’ont dit de ne surtout pas bouger et de prendre contact avec le consulat à Bombay. Mais depuis, je n’arrive à joindre personne. J’ai appelé vingt ou trente fois rien qu’aujourd’hui, mais rien. Je suis arrivé il y a trois mois pour faire des vidéos pour ma chaîne YouTube grâce à laquelle je veux aider les animaux. J’avais prévu des moyens pour tenir jusqu’au 27 mars mais là, j’arrive au bout de mes ressources.
Dans mon hôtel, l’ambiance devient un peu compliquée. Je suis le seul Français, les autres touristes sont russes, beaucoup, allemands, espagnols, américains… On se serre les coudes. Les Indiens nous regardent de travers, ils nous demandent de partir, ils pensent qu’on a le virus.