Écouter, aider, écouter, conseiller… C’est le quotidien de Nathalie, 65 ans, juriste et économiste de formation, en cette période de confinement. Elle est l’une des écoutantes du 3919, numéro national anonyme et gratuit d’écoute pour les femmes victimes de violences, géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF). Nathalie travaille depuis trente ans sur les violences faites aux femmes au sein d’associations, mais aussi sur des recherches sociologiques. Ayant moins de missions avec son travail actuel durant cette période de confinement, elle a décidé de prêter main forte au 3919, et ce, quatre jours par semaine. Elle a par le passé dirigé le plateau du 3919 et formé des écoutantes au recueil de paroles des femmes victimes de violences, mais également aux procédures d’urgence à enclencher en cas de danger immédiat.
Du samedi 21 mars
«J’ai dirigé ce service durant trois ans, formé des écoutantes, écouté des centaines et des centaines de femmes. Mon travail étant à l’arrêt avec le confinement, je voulais aider une association. Ce que je sais le mieux faire, c’est écouter avec le 3919 : je leur ai donc proposé mon aide. J’ai ouvert le plateau le samedi 21 mars, avec une vingtaine d’autres écoutantes. Je travaille quatre jours par semaine sur des plages horaires de cinq heures, de 9 heures à 14 heures ou de 14 heures à 19 heures, de chez moi, comme la majorité des écoutantes. Pour celles dont l’appartement est trop petit pour s’isoler, on leur a loué un appartement ou un local proche de chez elles pour pouvoir écouter depuis un endroit calme.
Avec le confinement, beaucoup de femmes nous appellent et nous racontent qu’elles sont au chômage technique et qu’elles n’ont ainsi plus de sas de décompression comme elles en avaient auparavant avec le travail. Elles sont 24 heures sur 24 avec l’auteurs de violences. De plus, la violence du conjoint se manifeste aussi vis-à-vis des enfants. Il faut qu’on tienne compte du confinement dans la manière d’orienter. On leur dit : “C’est interdit de sortir de chez vous, mais ce n’est pas interdit de fuir.”
Il y a deux ou trois situations par jour où il faut faire intervenir la police ou la gendarmerie.