Il est 20 h 03, en ce lundi 13 avril, quand Emmanuel Macron annonce la réouverture des écoles à partir du 11 mai. Les profonds soupirs de soulagement émis par les uns à ce moment précis ne parviennent pas à couvrir les cris d’effroi des autres. Sur les réseaux sociaux, d’emblée, on hurle à l’inconscience. Certes, les enfants à la maison, c’est un cauchemar : ils empêchent leurs parents de télétravailler sereinement, ils prennent du retard dans leur scolarité ou sont victimes de maltraitances qui passent complètement sous les radars. Mais le mal est nécessaire, car tout le monde en est convaincu, ce sont eux les principaux vecteurs des épidémies. Pourquoi rouvrir les écoles « alors que l’on sait qu’elles sont un lieu de haute transmission, de haute contamination ? », proteste ainsi Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, le premier syndicat du primaire, auprès de l’AFP. « Les écoles, c’est toujours ce qu’on rouvre en dernier, parce que c’est ce qu’on doit fermer en premier », soutenait déjà sur France Inter, juste avant le discours présidentiel, le docteur Philippe Klein, médecin français en poste à Wuhan, ayant vécu la crise chinoise de l’intérieur. Il est vrai que les écoles sont les principaux relais de nombreuses infections. La preuve : « Les vacances scolaires suffisent à couper nettement les épidémies de grippe », note Christèle Gras-Le Guen, qui dirige les urgences pédiatriques du CHU de Nantes. Mais en ce qui concerne le Covid-19, les pédiatres ne sont pas si sûrs de leur fait…
En fait, ils ne sont sûrs de rien, ou presque. « Ce que l’on sait, c’est que les enfants tombent beaucoup moins malades de ce virus que les adultes. Et aussi qu’ils sont beaucoup moins gravement malades », résume Robert Cohen, pédiatre infectiologue au Centre hospitalier intercommunal de Créteil et vice-président de la Société française de pédiatrie. C’est maigre.
Il faut dire que la clémence du virus à l’égard des enfants, constatée assez vite (avec soulagement) par les médecins, a sans doute joué contre la recherche en pédiatrie. L’urgence n’était pas là. Et le nombre limité de cas d’enfants n’a pas facilité les analyses épidémiologiques. En France, au 7 avril, on recensait seulement 233 cas confirmés sur 3 467 enfants testés dans 46 centres hospitaliers. Conséquence : alors que les publications scientifiques sur le Covid-19 paraissent à un rythme effréné depuis le début de la crise,