Le village de Lourmarin, dans le Vaucluse, a failli être élu « village préféré des Français en 2017 ». L’endroit est très beau, tout en rues pavées et château Renaissance en surplomb. C’est là que le DJ Laurent Garnier vit et a créé en 2013 un petit festival chaleureux, le Yeah!. C’est le genre d’événement qui vend tous ses billets en une heure chaque année, où l’on vient et revient pour écouter de la bonne musique sans avoir à y consacrer l’énergie que demandent les grands rendez-vous de l’été – les Vieilles Charrues ou les Eurockéennes de Belfort. Cette année, le festival, qui accueille 3 000 personnes par jour pendant trois jours, devait se tenir du 5 au 7 juin et programmer le rock en sueur des Black Lips ou l’electro de French 79. Mais il n’aura pas lieu suite à l’annulation de tous les festivals jusqu’au 15 juillet annoncée par Emmanuel Macron le 13 avril. Ou alors il aura peut-être lieu, ses organisateurs ne savent plus trop.
Car toute la semaine dernière, le ministre de la Culture a commencé à expliquer que les « petits festivals » pourraient avoir lieu. Mais c’est quoi, un petit festival ? La profession répond 3 000, 5 000 personnes par jour – contre 30 000 ou 40 000 pour les géants. Lors d’une audition devant le Sénat, Franck Riester a fini par dessiner le profil d’un événement qui pourrait exister après le déconfinement théorique du 11 mai : « C’est certain qu’un grand rassemblement, une fosse avec 3 000 personnes, les uns sur les autres, ce n’est pas imaginable. [Mais] un petit festival rural, avec une scène, un musicien et 50 personnes, qui sont à un mètre les unes des autres, sur des chaises, et qui ont un masque, […] on pourra tenir ces festivals-là. » Plutôt ces petites fêtes de village, donc… Les innombrables festivals, qui font vivre des milliers de personnes, ont mal vécu ces approximations distillées bout par bout.
Le ministre a ensuite plaidé le « cas par cas », comme s’il était possible de se pencher sur le gros millier de festivals qui se déroulent dans l’été rien que pour les musiques actuelles. Peu à peu, et même si, au départ, toute la filière se sentait dans la même galère dans cette période que personne n’a jamais vécue, une incompréhension s’est installée devant les hésitations de la communication du ministère de la Culture.