Après les tests RT-PCR et les tests antigéniques capables de nous produire de belles courbes de taux d’incidence ou de taux de positivité, voici qu’arrive un nouvel indicateur pour mesurer l’épidémie de Covid-19 : le caca. Enfin, plus précisément, la quantité de virus qui se trouve dans les selles des Français et que l’on peut retrouver dans les eaux usées retraitées par les 22 000 stations d’épuration de l’Hexagone. Ce lundi, le réseau Obépine (pour Observatoire épidémiologique dans les eaux usées) a publié pour la première fois les données qu’il collecte et analyse depuis sa création, il y a quelques mois, sur une quarantaine de stations (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Strasbourg, Nancy, Nantes…). Emmanuel Macron et le gouvernement, qui hésitent à nous reconfiner, seraient bien inspirés de regarder de près ces courbes : elles racontent l’histoire d’un virus qui circule à un haut niveau parmi la population, mais elles ne présagent pas une explosion à court terme de l’épidémie.
Car tout l’intérêt de ce nouvel indicateur, c’est qu’il est censé anticiper l’évolution des analyses effectuées par prélèvement naso-pharyngé. Prenons une personne contaminée. La plupart du temps, elle attendra de ressentir des symptômes ou d’apprendre qu’elle est cas contact pour se faire tester. Ce qui peut prendre de quelques jours à une semaine. Or, le virus se promènera bien avant dans son intestin et sera excrété tout aussi rapidement quand elle ira aux toilettes (dans les excréments donc, car le virus n’est normalement pas présent dans les urines). En analysant ensuite la concentration de virus dans les stations d’épuration (via les mêmes tests RT-PCR que ceux utilisés pour les particuliers), on peut ainsi découvrir très vite si l’épidémie est en train de repartir ou non, et ce même si seules des personnes asymptomatiques sont touchées. Le réseau Obépine a ainsi « vu » dès la fin du mois de juin dernier, à partir de l’analyse des eaux usées parisiennes, que le virus circulait de nouveau, bien avant que le débat sur la deuxième vague ait débuté.

Dans ces conditions, pourquoi n’a-t-on pas tenu compte de ce travail jusqu’à présent (ou très peu) ? Tout d’abord parce qu’il a fallu du temps pour démontrer que les eaux usées pouvaient être un indicateur pertinent et, dans un deuxième temps, construire un système de surveillance généralisé. À l’origine, il y a une idée qui ne sort pas de nulle part.