La vidéo fait partie des images accumulées dans la mémoire collective depuis le début du mouvement des gilets jaunes. Elle a rejoint cette collection non désirée de gestes choquants, révoltants ou désespérants qui créent des rancunes tenaces. On y voit un policier en tenue de maintien de l’ordre, le 1er mai dernier, mettre deux gifles à un manifestant adossé à la façade d’un bureau de tabac, sur le boulevard du Montparnasse, dans le XIVe arrondissement de Paris. Le brigadier-chef Samuel E., 42 ans, comparaissait ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris pour violences volontaires contre Yohann M., 45 ans, le récipiendaire des baffes. Atteint par les coups, mais surtout par l’humiliation et la frayeur vécues lors de ce 1er mai, celui-ci s’est vu attribuer 21 jours d’interruption temporaire de travail (ITT) dûs au retentissement psychologique de cet épisode.
La salle d’audience est pleine. Elle écoute le président, Michaël Humbert, rappeler le contexte de cette fête du travail à fleur de peau. Après cinq mois de « gilets jaunes » hebdomadaires, les forces de l’ordre redoutent des affrontements, qui ne manquent pas de se produire, dès la fin de la matinée. Samuel E., policier depuis 2001 et membre de la compagnie de sécurisation et d’intervention de Paris (CSI 75) depuis quinze ans, est sur le pont. À la barre du tribunal, ce grand bonhomme baraqué et dégarni se souvient des deux « bonds offensifs » auxquels il a participé avant de croiser la route de Yohann M.