La plupart des policiers n’aiment pas être filmés lorsqu’ils interviennent dans la rue – même s’ils ne peuvent l’interdire. Lundi dernier, l’audience qui s’est déroulée au tribunal correctionnel de Bobigny a pourtant démontré, une fois de plus, que pour étayer des accusations de violences policières, rien ne vaut la vidéo. Sans elle, bien des enquêtes n’arriveraient pas jusqu’au tribunal. La 14e chambre jugeait ce jour-là deux affaires impliquant des policiers du commissariat des Lilas, en Seine-Saint-Denis. Dans la première, Alexandre T. était poursuivi pour avoir mis des coups de pied dans la tête d’un homme à terre, Jonathan D. pour non-assistance à personne en danger. Dans la seconde, Matthieu F. devait répondre de deux coups de poing au visage d’un adolescent de 15 ans, lourdement handicapé, devant son lycée. Dans les deux cas, des vidéos amateurs ont joué un rôle crucial, soit pour déclencher l’enquête, soit pour la rouvrir.
Dans la nuit du 26 au 27 mai 2017, deux policiers des Lilas vont se chercher des kebabs. Jonathan D. descend de la voiture pour passer commande, laissant son coéquipier Alexandre T. derrière lui. Mais depuis le restaurant, Jonathan D. entend très vite « un brouhaha » qui le pousse à ressortir. Il voit un homme au sol, son collègue debout, « un attroupement d’une dizaine de jeunes » autour, mauvaise ambiance. Sous ses yeux, Alexandre T. met un coup de pied dans la tête de l’homme à terre. « Je suis surpris, se souvient Jonathan D. à l’audience,