Au cœur de son diocèse, Mgr Rey, très impliqué dans la Manif pour tous, encourage la tenue de camps en non-mixité masculine. C’est le cas d’Au cœur des hommes, dont Bertrand Chevallier-Chantepie est le délégué général, et qui a pour objectif d’« aider les hommes à devenir des hommes » (lire l’épisode précédent, « Tu seras viril, mon fils »). Tout en se voulant apolitique, celui-ci a tout de même quelques idées précises sur la question, comme le montre son site de coaching, Être un homme : il y défend ainsi la limitation des divorces et l’interdiction pure et simple de la pornographie. Sans être fondamentalement masculiniste, Au cœur des hommes, derrière une façade inoffensive de développement personnel, véhicule bien une vision antiféministe et une défense de la conception traditionnelle du couple dans la doctrine catholique. Un couple forcément hétérosexuel. « L’homme est attiré par la femme et veut s’unir à elle naturellement, écrit Bertrand Chevallier-Chantepie dans son livre Accomplir sa vie d’homme. Il la désire et c’est bon en soi. » Peut-il envisager que, parmi les 200 hommes qui fréquentent les camps chaque année, une poignée soient attirés par les hommes ? « Alors nous, on n’en parle pas, botte-t-il en touche. Parce qu’on considère que c’est un sujet… je pense qu’il faut être professionnel pour en parler. Nous, on n’est pas… Je ne suis pas psychologue, tout ça. »
Si le délégué général d’Au cœur des hommes est aussi fébrile à l’idée de parler d’homosexualité, c’est peut-être aussi pour respecter une certaine division du travail pastoral au sein du diocèse. En effet, c’est à partir de l’initiative d’un prêtre diocésain, l’abbé Louis-Marie Guitton, ancien membre de la communauté Saint-Martin, désormais responsable de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon, que le programme américain Courage International a été implanté en France, en 2014, avec le soutien actif de Mgr Rey. Ces groupes de soutien, nés en 1980 dans le diocèse de New York, proposent aux chrétiens homosexuels un accompagnement dans la « chasteté »

La naissance de Courage France est due à la rencontre entre l’abbé Guitton et une laïque de la communauté de l’Emmanuel, Mili Hawran, née dans une famille juive aux États-Unis, passée par le protestantisme évangélique, et qui a aidé dans les années 1990 à créer à Belleville, à Paris, la branche française du mouvement Torrents de vie, groupe « ex-gay » également originaire d’outre-Atlantique.