À Ploërmel (Morbihan)
Est-ce là que celui que ses paroissiens appelaient par son prénom, père Christophe, a déambulé, morose ? Ici qu’il s’est jeté dans l’eau glacée d’une rivière rageuse une nuit d’hiver ? Ou bien a-t-il simplement pris la poudre d’escampette et cédé à la tentation de s’offrir une nouvelle vie loin des crucifix ? Dans la nuit du 17 au 18 janvier 2024, le prêtre plus officiellement intronisé père Guégan, alors âgé de 55 ans, a disparu dans un petit coin de paradis l’été, d’enfer parfois l’hiver : les Roches du diable, à Guilligomarc’h, dans le Finistère. Un site protégé connu des désespérés qui veulent en finir.
En ce matin de novembre ensoleillé, on y descend à la pénombre d’une forêt par un passage jalonné de marches avant d’avancer à petits pas sur un sentier de terre pentu et glissant, en pensant au chemin de croix que l’abbé de la très catholique ville de Ploërmel (Morbihan) a dû s’imposer : la nuit de son évaporation, il tombait des cordes, tout le département était en vigilance orange pluie inondation. Des panneaux « Avis aux promeneurs » alertent : « Restez vigilants », aux côtés d’arbres sur lesquels sont clouées des affichettes « appel à témoins » annonçant la disparition, le mardi 15 octobre, d’un homme de 45 ans dont le véhicule a été retrouvé sur le parking des Roches du diable. Encore un. Morbide. Mais le grondement de plus en plus fort d’un cours d’eau en contrebas attire irrésistiblement vers les berges. Enfin se dévoile la rivière Ellé