Dans un silence total, des centaines de personnes s’allongent au sol. Les visages se ferment. Les larmes coulent. Aux fenêtres, des têtes apparaissent. « Si le RN arrive au pouvoir, combien d’entre nous vont mourir dans les prochains semaines ou les prochaines mois ? », lance Sacha au micro. Après les résultats du 30 juin qui ont (de nouveau) placé l’extrême droite en tête, les personnes minorisées redoutent de subir plus de violences, voire de perdre des droits. Alors ce jour-là, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), pour la Pride des banlieues, les corps se sont allongés sur le bitume et les pleurs ont résonné. Imaginés pendant les années sida pour alerter les pouvoirs publics, les « die-in » ont été remis au goût du jour, ces dernières semaines, pour alerter des risques de voir Jordan Bardella arriver au pouvoir, notamment pour les personnes trans et les personnes racisées.
« Le 7 juillet [soir du second tour], dans mes ami·es, il y a une consigne : ne pas sortir pour éviter de devenir la cible d’attaques violentes, lance Mathilde, 19 ans. Et moi, je ne veux pas mourir. J’ai passé des années à me battre pour exister, je ne veux pas mourir. Je suis là et je vais survivre. » Son coming out trans, elle l’a fait en 2021. Depuis, les contacts avec sa famille sont difficiles et peu fréquents. « Je vis seule dans un studio et parfois, c’est vraiment pas simple cette solitude, continue-t-elle en tirant sur sa cigarette.