Une grosse claque et au lit. Voilà l’ambiance chez Reconquête après l’annonce des résultats. Arrivé quatrième avec 7,07 % des voix d’après les résultats définitifs, Éric Zemmour s’est vu sèchement éliminé de l’élection présidentielle après le premier tour (lire l’épisode 1, « Ça marche encore »). Si le score reste honorable pour un mouvement né il y a quatre mois seulement, les ambitions du polémiste, qui se voyait chef de l’État ou a minima de l’opposition, se sont fracassées sur les urnes. Et celui qui brocardait Valérie Pécresse en « Madame 20 h 02 », heure à laquelle la candidate Les Républicains (LR) appellerait à voter Emmanuel Macron (ce qu’elle a fait, un peu plus tard), est finalement devenu « Monsieur 21 h 01 » en enjoignant à ses 2,4 millions d’électeurs de se tourner vers Marine Le Pen, arrivée deuxième avec 23,15 % des suffrages, derrière le président sortant, en tête avec 27,84 %. « Je ne me tromperai pas d’adversaire, a-t-il lancé ce dimanche soir à la tribune de la salle de la Mutualité, à Paris, sous les applaudissements nourris de ses partisans. Certains auraient voulu que je négocie ces quelques mots. Mais je ne suis pas un marchand. »
Crédité de 17 % des voix au plus fort de sa bulle, Éric Zemmour s’est donc dégonflé et se heurte aujourd’hui à ses échecs. D’abord, si ce n’est dans sa base militante bigarrée, il n’a pas réussi à réaliser cette « union des droites » dont il se voulait le héraut et n’a finalement modelé qu’un nouveau parti d’extrême droite. Ainsi, l’essayiste qui souhaitait ferrailler seul à seul avec Emmanuel Macron a pu seulement rejouer le duel fratricide Le Pen-Mégret de la fin des années 1990. Battu dans les grandes largeurs, il prouve à ses dépens l’inoxydable mainmise des Le Pen sur l’extrême droite française. Pis, tout au long de la campagne, Éric Zemmour a largement contribué à dédiaboliser Marine Le Pen et le Rassemblement national (RN), parachevant ainsi un dessein entrepris il y a dix ans. En cause : la radicalité et la faiblesse de son offre politique, longtemps résumée à son obsession pour la théorie complotiste du « grand remplacement » alors que les Français placent le pouvoir d’achat en tête de leurs préoccupations. Si Éric Zemmour a réussi à imposer ses thèmes anxiogènes dans le débat, il s’est muré dans une rigidité d’idéologue

Chez Reconquête, on compte toutefois deux lots de consolation.