Frédéric Sawicki est professeur de science politique à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne. Coauteur de l’ouvrage La fin des partis ? (PUF, 2020), il analyse pour Les Jours la désaffection à l’égard des partis traditionnels, qui semblent durablement marginalisés à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril dernier (lire l’épisode 1, « Ça marche encore »).
Avec les très maigres scores du Parti socialiste (PS) et des Républicains (LR) lors du premier tour de la présidentielle, les partis traditionnels semblent n’avoir jamais été aussi affaiblis sous la Ve République. Est-ce propre à ce scrutin ?
L’élection présidentielle est devenue très personnalisée, notamment depuis le passage au quinquennat [en 2002, ndlr]. Elle occupe désormais une place si centrale dans la vie politique qu’elle a fini par tuer les partis. Ils ne savent plus comment l’aborder. Les démocraties où le pouvoir réside plus au Parlement ont des partis qui résistent mieux que celles qui sont centrées, comme en France, autour du chef de l’État. Les partis ont cherché à s’adapter en organisant des primaires mais, ce faisant, ils se sont affaiblis. Ils ont abandonné le contrôle sur le choix du candidat ou de la candidate par leurs militants et leurs cadres. Cela a favorisé l’émergence de leaders auto-institués et favorisé les stratégies populistes.