Bill Ryder-Jones, Iechyd Da (Domino Recordings, 2024)
Faire surgir la beauté des douleurs, voilà le programme fondamental de la musique que l’on a trop tendance à oublier à notre époque qui célèbre la réussite par le chiffre sur les plateformes de streaming. Le cinquième album solo du Britannique Bill Ryder-Jones vient heureusement réaffirmer ce dogme en érigeant une fresque symphonique et poignante à son petit bout d’Angleterre pour exorciser les troubles personnels qui le handicapent depuis une dizaine d’années. Iechyd Da, qui veut dire quelque chose comme « à la vôtre » en gaélique, est d’emblée un grand disque de cette année 2024, pourtant ancré dans une recette rincée comme une plage du Nord-Ouest de l’Angleterre où l’histoire se passe : la pop orchestrale, sur laquelle Bill Ryder-Jones pose des histoires éminemment personnelles. « J’écris exclusivement sur des choses qui sont arrivées, et il se trouve que je suis toujours au même endroit », disait-il récemment de cet album qui le réconcilie un peu avec lui-même et avec sa musique, tout en mettant en scène son incapacité à s’éloigner de son petit monde réglé.
Bill Ryder-Jones a connu très tôt une première vie de musicien quand il a rejoint le groupe de quelques amis, The Coral, à 13 ans, à la fin des années 1990. Il y est resté pas loin de vingt ans à explorer une pop à guitares aux orchestrations psychédéliques ambitieuses qui en ont fait l’un des groupes les plus attachants de la pop d’outre-Manche.