Skygge, Clo_w_nes (Bruit rose, 2024)
Quelle est la différence entre Les Jours et les superhéros de l’univers Marvel ? Absolument aucune, car cette semaine, cette chronique musicale propose un crossover entre deux de nos séries digne d’un combat entre Hulk et Iron Man
Benoît Carré a eu une première vie de musicien au sein du duo Lilicub. C’était au milieu des années 1990, avec notamment un tube easy listening nommé Voyage en Italie qui l’a emmené jusqu’au Japon. Par la suite, Benoît Carré a avancé en sous-marin, écrivant pour d’autres dans la catégorie variétés en français (Françoise Hardy, Johnny Hallyday, Imany, Maurane) avant de revenir à la lumière dans les laboratoires de Sony puis de Spotify dédiés à l’application des avancées de l’intelligence artificielle dans les musiques populaires. C’est cette révolution feutrée que nous racontions dans Le chant des machines, où Skygge apparaissait comme un auteur-compositeur souple et curieux qui répétait encore et encore que rien de tout cela ne serait intéressant sans la part d’humain qui crée l’émotion dans une chanson. Au milieu des injonctions contradictoires de ces entreprises, il a ainsi participé à la sortie en grande pompe de l’album Hello World, premier long format pop et bancal travaillé à coups d’IA, avant de s’échapper en solitaire par la suite au fil de projets de plus en plus intéressants.
Le voilà qui revient en ce début d’année 2024 avec quatre titres franchement captivants réunis sous le nom Clo_w_nes, où il explore cette fois les possibilités encore à peine entrevues du clonage vocal. On reprend ici pour celleux qui n’ont pas encore lu les quatre épisodes de L’Attaque des clones vocaux : cette technologie découle de l’intelligence artificielle (notamment de la séparation des divers éléments d’enregistrement) et permet de reproduire de plus en plus facilement une voix pour l’utiliser à l’envi.