Le chant des machines

Magenta est le laboratoire d’intelligence artificielle de Google chargé de la recherche dans les domaines de la création musicale et graphique. Ce projet dérive de Google Brain, qui a notamment marqué l’histoire scientifique en mettant au point un ordinateur capable d’apprendre à jouer aux échecs et au go et d’y battre les meilleurs humains. Tout ceci en profitant des gigantesques bases de données captées par Google grâce à la circulation des internautes sur son moteur de recherche et l’ensemble de ses services. Désormais installé à Paris, Magenta a développé une série de plugins pour le logiciel de production musicale Ableton, basés sur l’intelligence artificielle, ainsi qu’un nouvel instrument, le NSynth, qui permet de manipuler le son d’un instrument en direct.

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Elle est américaine mais s’est installée à Berlin depuis longtemps, retrouvant la ville où elle avait vécu comme étudiante, plongée dans la scène électronique très agitée de la ville. Cette passion pour les musiques électroniques de club, notamment la techno, Holly Herndon l’a depuis mêlée à ses études dans le champ de la composition musicale. Elle est ainsi devenue une chercheuse-musicienne, qui enseigne notamment les dernières technologies de manipulation de la voix qu’elle applique à sa propre musique. C’était déjà le sujet de son premier album, Movement (2012), puis de Platform (2015), deux disques dans lesquels elle utilisait des programmes pour détourner des instruments et des chants. On est là dans l’avant-garde sonore, mais la grande qualité de Holly Herndon, c’est de toujours conserver un objectif pop dans sa musique, d’effacer le processus complexe de création et les expérimentations pour aller vers des mélodies et des rythmiques accrocheuses. C’est encore le cas dans Proto, son troisième album remarqué, sorti en 2019, pour lequel Holly Herndon a éduqué une intelligence artificielle afin de la faire rejoindre une chorale bien humaine.

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Né à Brême, il a étudié l’informatique et les sciences cognitives avant d’y joindre sa passion pour la musique en étudiant la composition multimédia. Depuis, Alexander Schubert écrit des pièces pour petits ensembles et orchestres qui mêlent non seulement les musiques (contemporain, techno, metal) mais aussi des recherches informatiques de pointe. Il s’intéresse notamment à la musique générative, c’est-à-dire créée par un ordinateur à partir de règles, ainsi qu’à la co-improvisation entre des musiciens et une intelligence artificielle.

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Difficile de faire plus totémique comme musicien français dans le champ des musiques électroniques. Fils du compositeur de musiques de film Maurice Jarre (Docteur Jivago, Lawrence d’Arabie…), Jean-Michel Jarre a débuté à l’avant-garde sonore, au sein du Groupe de recherches musicales de Pierre Schaeffer, avant d’émerger d’un coup avec l’ère des synthétiseurs. Pionnier de ces nouveaux instruments électroniques qui permettaient de créer de nouveaux sons, il leur a donné leurs lettres de noblesse pop avec l’album Oxygène, sorti en 1976 et porté par le thème du morceau Oxygène IV. Devenu star, Jean-Michel Jarre a continué à explorer cette nouvelle musique et de nouveaux instruments, tout en se lançant dans des concerts géants ultratechnologiques place de la Concorde à Paris ou à Pékin. C’est l’époque des harpes laser, des feux d’artifice et des décors délirants, mais aussi d’expérimentations qui ont largement fait avancer les technologies du live, côté son comme côté lumières et effets spéciaux.
À 71 ans, Jean-Michel Jarre reste très actif comme musicien et comme président de la Cisac, le rassemblement mondial des sociétés d’auteurs. Il est par ailleurs l’auteur ou le compositeur de nombreuses chansons pour d’autres, parmi lesquelles Où sont les femmes ?, de Patrick Juvet, et Les Mots bleus, de Christophe.

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Ashkan Kooshanejad, alias Ash Koosha, vit et travaille à Londres, où il mène depuis le milieu des années 2010 une carrière de musicien électronique aventurier. Cela l’a mené à travailler aujourd’hui avec une intelligence artificielle pour développer le projet Auxuman, un groupe de personnalités virtuelles qu’il utilise comme véhicule de sa propre créativité. Mais il n’est pas arrivé à Londres par hasard. Né en Iran, il a suivi des études au conservatoire de Téhéran avant de se lancer dans le rock, une musique toujours interdite dans le pays. C’est sa vie et l’histoire de son groupe, Take it Easy Hospital, que raconte le docufiction Les Chats persans sorti en 2009 : répétitions cachées, arrestations, violences policières, pressions sur les proches puis exil vers Londres. Ash Koosha jouait son propre rôle ; c’est ainsi qu’il est arrivé en Europe pour y vivre sa liberté de musicien.

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Les plus de 20 ans en veulent peut-être encore à Benoît Carré sans le savoir. C’est lui, en tant que membre du trio Lilicub, qui fut l’auteur de Voyage en Italie, gros tube de l’année 1996, accompagné de son clip ensoleillé et de sa mélodie tellement imparable que toute personne qui a vécu ces années-là peut la chantonner à la demande. Lilicub n’a jamais retrouvé cette notoriété, mais sa pop sucrée et easy-listening l’a emmené à travers le monde et notamment au Japon.
Benoît Carré, garçon discret, est par la suite resté dans l’ombre, utilisant ses talents d’auteur et de compositeur pour fournir des chansons à d’autres. Au fil des ans, il a écrit pour Françoise Hardy, Maurane, Enzo Enzo, Johnny Hallyday, Imany ou Anaïs Delva. Puis il a tenté un retour en solo sous son propre nom avec l’album Célibatorium, sorti en 2013, qui contenait notamment un duo avec sa sœur, la comédienne Isabelle Carré.
C’est son côté couteau suisse de la composition pop qui a décidé le laboratoire Sony CSL, puis Spotify, à faire appel à lui pour faire sortir des chansons de leurs nouveaux outils de création assistée par l’intelligence artificielle. Depuis 2008, Benoît Carré est donc aussi « Skygge », maître d’œuvre d’une révolution artistique complexe dans laquelle il est le garant de l’éthique créatrice.

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Fondé en 1970, l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique est né avec le centre Pompidou, à Paris, dont il devait être la branche sonore. Ce centre de recherche en création, enregistrement et diffusion a largement pris son indépendance depuis, pour devenir un haut lieu mondial de la recherche appliquée à la musique. Longtemps dirigé par le compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez, l’Ircam a notamment été essentiel dans la mise au point des techniques de traitement du signal, qui permettent d’extraire un instrument ou une voix d’une chanson.

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Créé en 1988 à Tokyo, le laboratoire de sciences informatiques du groupe Sony ne s’intéresse pas qu’à la musique. Il travaille aussi à développer des outils technologiques dans l’agriculture ou pour des prothèses de nouvelle génération. Son antenne parisienne, inaugurée en 1996, est toutefois surtout connue pour ses travaux dans les domaines de la musique et de l’intelligence artificielle. Sony CSL a notamment sorti Daddy’s Car, une chanson composée par une IA à la façon des Beatles, et a récemment publié des avancées importantes concernant la fabrication de rythmiques originales grâce à un nouveau contrôleur en ligne.

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Un jour, Douglas Eck, étudiant à l’université de l’Indiana, aux États-Unis, est allé frapper à la porte d’un professeur, Douglas Hofstadter, qui faisait partie des grands noms de l’intelligence artificielle. Il lui a demandé de rejoindre son équipe, puis a bien dû réaliser qu’il n’y connaissait strictement rien. Mais le sujet intriguait ce bon guitariste passionné par les Beatles, en particulier pour ce que l’IA pourrait apporter à la création artistique. Au fil des années, en Suisse et à Montréal, il a rejoint puis dirigé des équipes qui ont mené des travaux marquants pour le secteur, notamment sur les réseaux de neurones dits « convolutifs », qui sont capables de revenir en arrière pour conserver une mémoire à court terme et ainsi améliorer leur prise de décision. Douglas Eck a rejoint Google en 2010 puis créé la division Magenta en 2016, notamment pour profiter des gigantesques bases de données accumulées par la firme de Mountain View, qui ont permis de sensiblement accélérer les découvertes dans le champ des réseaux de neurones et de l’IA. Il est installé à Paris depuis la fin de l’année 2019 pour poursuivre ces travaux dans le domaine de la musique assistée par IA.

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Comme un autre Français, Yann Le Cun, aujourd’hui chez Facebook, François Pachet a attrapé le train de l’intelligence artificielle au bon moment. Lui l’applique à la musique, la grande passion de ce bon guitariste de jazz qui a pendant longtemps rêvé une carrière d’artiste. François Pachet, 56 ans aujourd’hui, a créé la branche musicale du Sony Computer Science Laboratory (Sony CSL, dont on parle aussi dans cette obsession) en 1997. Là, il a défriché des technologies d’intelligence artificielle capables d’aider les musiciens et les nouveaux acteurs de la musique en ligne, travaillant notamment sur la dissociation des différentes pistes d’une source audio et à l’extraction des différentes données qui donnent à comprendre une chanson (instruments, timbre, tempo…). Une technologie qui est aujourd’hui cruciale pour les plateformes de streaming, qui s’en servent pour leurs recommandations automatisées. François Pachet a quitté Sony CSL dans des conditions tendues en 2017, pour prendre la direction d’un laboratoire similaire au sein du géant du streaming Spotify. Il a aussi écrit un livre intéressant en 2018, « Histoire d’une oreille » (éd. Buchet-Chastel), où il raconte ses expériences et réflexions d’auditeur de musique.

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