Tino Rossi, Marinella (Columbia, 1936)
On y est à nouveau. En réaction à la victoire de l’extrême droite lors des élections européennes du 9 juin, suivie d’une dissolution flash de l’Assemblée nationale française qui pourrait donner le pouvoir au Rassemblement national, les partis de gauche ont sorti leur plus grosse carte : le « nouveau Front populaire ». Soit une union des partis sous un programme commun avec comme principal objectif de s’opposer aux fascistes, comme la gauche l’avait fait en 1936 avec le premier Front populaire.
À l’époque, la SFIO socialiste, le Parti radical et le Parti communiste télécommandé depuis Moscou se sont unies en réaction aux manifestations de ligues d’extrême droite et d’anciens combattants de 1914-1918 qui ont viré à l’émeute menaçante dans Paris. L’électrochoc est puissant et force la gauche à taire un moment ses dissensions pour aller ensemble aux élections législatives, que le Front populaire remporte largement au printemps 1936 avant de prendre une série de réformes qui changent la vie des travailleurs pour toujours : hausses des salaires, congés payés, semaine de 40 heures, conventions collectives… S’y ajoutent aussi des billets de train à tarif réduit pour les voyages de plus de 200 kilomètres, qui créent un appel d’air et font de l’été 1936 un moment de détente et de légèreté inespéré dans des années marquées par la crise économique et de nouvelles tensions internationales. Et bien sûr, la musique fait intensément partie de ces moments.