Dion, Abraham, Martin and John, tiré de l’album Dion (Capitol Records, 1968)
Comme le raconte Corentin Sellin dans la série que Les Jours consacrent aux assassinats ou tentatives d’assassinat de présidents américains, l’attaque contre Donald Trump en pleine campagne présidentielle (lire l’épisode 30 de This is America, « Trump, toujours le poing levé ») est la suite d’une longue histoire de violence dans la vie politique américaine. Abraham Lincoln et JFK ont été abattus, Roosevelt visé. Avant eux, il y a eu Andrew Jackson, sauvé par miracle en 1835, ou James Garfield, assassiné en pleine gare en 1881… Et bien souvent, il y a une chanson qui raconte l’événement, dans le blues et la country, puis dans le folk ou même la soul. Mais il y en a une qui survole tout ce sujet dans la psyché américaine : Abraham, Martin and John, une chanson écrite et enregistrée presque dans un souffle à un moment où les États-Unis cherchaient un sens à cette violence qui s’amplifiait alors.
Tout commence le 6 juin 1968, quand Bobby Kennedy, frère de John Fitzgerald et favori des démocrates pour la présidentielle de la même année, meurt dans la nuit. La veille, il a été visé alors qu’il achevait un discours à Los Angeles. C’est un choc énorme à travers les États-Unis, cinq ans après l’assassinat de JFK à Dallas et deux mois après celui de Martin Luther King à Memphis. On est aussi en pleine guerre du Vietnam et en pleine guerre froide.