Floating Points, Cascade (Pluto/Ninja Tune, 2024)
On avait fini par oublier un peu que Samuel Shepherd, alias Floating Points depuis la fin des années 2000, fait de la musique pour danser. Bien sûr, il y a ses DJ sets de cinq heures, mais son expression discographique a tellement dévié du clubbing qu’on se demandait s’il reviendrait même un jour sur ses bases. C’est ce qu’il fait pourtant avec Cascade, quatrième album en solitaire et pur disque hédoniste pour les dancefloors qui n’annule pas pour autant les complexes ramifications tissées par Floating Points depuis le milieu des années 2000.
Cascade est né comme une récréation et ça s’entend. En 2022, Sam Shepherd était lancé dans son projet le plus complexe : une partition pour le San Francisco Ballet sur un livret rejouant le mythe de Pandore à l’âge de l’intelligence artificielle. Un nouveau pas de côté dense et inattendu comme il en a l’habitude, après avoir surpris en même temps les scènes électroniques et jazz en faisant accoucher le saxophoniste vétéran Pharoah Sanders de son dernier grand disque en 2021 (lire l’épisode 87 de la saison 1, « Floating Points, Pharoah Sanders et Alice Coltrane, vents cosmiques »). Ce qui était en jeu une fois de plus, c’était une déconstruction de sa musique au service d’orchestrations abstraites et d’une recherche de la note tenue, quand Sam Shepherd a commencé comme DJ dans les clubs du Londres des années 2000 où l’on dansait fort sur des montagnes de basses.