Molly Lewis, Mirage (Jagjaguwar, 2022)
On en a déjà parlé dans cette série et dans une autre qui décortique ce que le streaming fait de nous et de la musique, nous vivons actuellement dans un bain de nostalgie qui semble ne jamais avoir de fin. Le phénomène est bien documenté, notamment dans un livre de Simon Reynolds, et il suffit de lancer la radio ou YouTube pour tomber dans un puits sans fond de musique qui imite les années 1980 (coucou Fishbach), les années 1970 (coucou Juliette Armanet), ou les années 1960 (coucou tout le monde). Résumons les moteurs puissants de cette glaciation temporelle : la mainmise des boomers sur les médias, la production audiovisuelle mais aussi sur les audiences, et la mécanique même de l’internet, où toutes les époques sont disponibles les unes à côtés des autres pour la première fois, alors qu’une nouvelle musique chassait l’autre dans les bacs des disquaires des décennies précédentes faute de place. Comme il est toujours plus facile de faire comme avant que de se confronter à l’inconnu, il nous faut vivre avec cette relecture permanente d’un passé idéalisé et tenter d’en faire quelque chose.
C’est tout le propos de la musique de Molly Lewis, qui revient avec un disque aussi nostalgique qu’habile, Mirage, qui fait revivre à sa façon non seulement la vague de musique new age et exotica, mais aussi le créneau oublié du « disque qui siffle ». Car l’Australienne