Kassa Overall, Animals (Warp Records, 2023)
Les plateformes de streaming ont renvoyé aujourd’hui la mention des maisons de disques dans les confins à peine visibles de leur ergonomie. Il faut scroller encore et encore pour tomber sur cette indication inscrite en petit sous la liste des chansons. On est loin de la place centrale qu’occupait le logo d’un label derrière un CD ou un vinyle, qui est tout sauf une information secondaire dès qu’on s’intéresse un peu à la musique. Car un label, c’est un monde en soi, la définition d’un périmètre artistique et intellectuel. Une vision résumée en un ou quelques mots, qui ne disent pas tout sur la musique que l’on va écouter mais esquissent a minima une façon de voir le monde. Voir le nom du label londonien Warp Records collé sur le troisième album de l’Américain Kassa Overall dit ainsi beaucoup de ce qu’il cherche aujourd’hui. En l’occurrence, le droit d’être bizarre et pop en même temps, de faire du rap sans avoir l’air, de sortir un parfait disque de studio qui crache aussi ses tripes comme s’il arpentait les rues de sa ville de Seattle. C’est tout un programme avant même d’avoir entendu la moindre musique, car Warp a toujours caché quelques précieuses raretés rap dans son catalogue avant tout dédié à l’avant-garde électronique (Aphex Twin, LFO, Boards of Canada) : les aventures d’