Velvet Negroni, Neon Brown (4AD, 2019)
Jeremy Nutzman, alias Velvet Negroni, jouera dimanche soir en clôture des Transmusicales de Rennes. Ce sera l’occasion pour lui de refermer une année décisive et pour nous de revenir sur Neon Brown, son deuxième album paru à la fin du mois d’août, qui s’est doucement installé parmi les belles réussites de 2019. Un disque de soul électronique aux mélodies très immédiates, peuplé d’arrangements acoustiques devant lesquels Prince aurait hoché la tête d’un air appréciateur. Neon Brown est aussi une réponse underground à la musique de The Weeknd, devenue trop grandiloquente pour le public de ses débuts et qui pourra trouver chez Velvet Negroni une nouvelle figure sauvée de l’errance à laquelle s’accrocher.
Car Nutzman revient de loin. Orphelin, il a été adopté par un couple de chrétiens évangélistes de Minneapolis pour qui la musique était une discipline et surtout pas un plaisir. Il raconte ainsi comment, enfant, il était astreint à de longues heures de piano quand il aurait voulu vivre sa vie insouciante d’enfant. Devenu adulte, il a bazardé tout ça d’un coup pour la drogue et les tatouages, dans un geste classique de déconstruction du carcan imposé par ses parents. Il a eu plusieurs groupes, enregistré des chansons oubliées mais toujours vécu non loin de Minneapolis, coupant du bois dans les forêts alentour lorsqu’il fallait gagner un peu d’argent et se recadrer un peu.
Car sa vie dissolue est allée trop loin à l’époque de son premier album, T.C.O.D., sorti en 2017, qui exposait déjà son talent inné d’écriture mais qui ressemblait surtout à un puits noir dans lequel Jeremy Nutzman criait avec pas mal de prétention.