Peggy Gou, DJ-Kicks (!K7, 2019)
«Faire un DJ-Kicks » est une étape importante dans la carrière d’un·e musicien·ne électronique. La Sud-Coréenne Peggy Gou peut donc rentrer enfin chez elle à Berlin pour dormir un peu, elle est arrivée. Arrivée à 28 ans à signer un mix musical pour l’une des collections les plus réputées, où l’on vient exprimer la diversité de ses amours sonores plutôt que donner à danser ; parvenue aussi à s’imposer comme musicienne dans un univers de la nuit bien macho.
Sur son chemin, Peggy Gou avait de bonnes cartes en mains. À commencer par son histoire d’étudiante au London College of Fashion et ses liens avec le monde de la mode qu’elle entretient savamment sur son compte Instagram, très suivi. Dans un monde d’apparence, être à l’aise avec l’image la sert et la dessert en même temps, certains en profitant pour minimiser son statut de musicienne. Alors Peggy Gou s’est battue avec ses productions, publiant des disques à un rythme soutenu depuis 2016, en particulier l’imparable It Makes You Forget (Itgehane) l’an dernier.
C’est d’ailleurs la seule frustration de la collection de chansons qu’elle a assemblées pour ce DJ-Kicks de plus d’une heure : il ne contient qu’une seule production de Peggy Gou, un titre de ses débuts nommé Hungboo, placé là pour son ambiance coréenne. On n’y entendra pas davantage sa façon très à elle d’organiser des rythmiques qui tendent vers les scènes électroniques africaines (Afrique du Sud, Angola), des claviers, claps et autres cloches venues de la house romantique des années 1990 et son chant en coréen, qui emballe tout cela avec une distance polie qui est la part la plus asiatique de sa musique.