Kokoko!, Fongola (Transgressive Records, 2019)
On voit régulièrement arriver en Europe des groupes de Kinshasa armés d’instruments faits maison à partir d’objets ramassés dans la rue. C’était Staff Benda Bilili il y a quelques années, Konono n°1 avant eux. À chaque fois, la musique est incroyable d’énergie et d’inventivité, mais aussi terriblement déprimante : rien ne change-t-il à ce point en République démocratique du Congo pour que ses musiciens en soient réduits à ne pas pouvoir se payer une guitare, une batterie, une boîte à rythmes ?
De fait, la RDC reste très pauvre, pointant seulement en milieu de tableau des classements de la richesse des pays à travers le monde. La galère est quotidienne, mais d’autres pays la partagent où la musique populaire n’a pas suivi le même chemin fait de récup. C’est que les batteries en bidons et les guitares à une corde montée sur un manche à balai donnent non seulement la liberté de créer à tous par-delà la misère, mais elles sont aussi devenues une signature, le son de Kinshasa le plus marquant depuis l’âge d’or de la rumba de Franco et Tabu Ley Rochereau.
Kokoko! (qui veut dire « Toc toc toc ! » en lingala) prolonge aujourd’hui cet héritage fascinant avec son premier album que l’on attendait depuis deux bonnes années, annoncé par quelques concerts de feu à travers l’Europe. La réussite n’en est que plus appréciable :