
Lesley Gore, It’s My Party, tiré de l’album I’ll Cry if I Want To (Mercury, 1963)
C’est notre anniversaire ! Les Jours ont eu 5 ans cette semaine. On est contents, encore merci et tout ça, c’est grâce à vous. Mais du coup, on écoute quoi pour fêter ça ? Une bonne vieille chanson d’anniversaire ! Encore un sous-genre de la pop en même temps foisonnant et délicat à manipuler, avec son injonction à être heureux et ses musiques aussi sucrées qu’un gâteau en forme de Minion. Heureusement, il y a des artistes pour faire les choses à l’envers : les Beatles pour enregistrer un Birthday bien sale, les Smiths pour pisser sur le gâteau (Unhappy Birthday) ou le lover Jeremih pour rappeler que tout ce qu’il compte offrir comme cadeau, c’est du cul (Birthday Sex).
Mais la chanson d’anniversaire définitive, c’est le It’s My Party de Lesley Gore, sorti en 1963 en pleine vague de girl groups. Les Chantels, les Shirelles, les Crystals ou les Ronettes, on ne compte plus, alors, les groupes de filles qui jouent une pop dangereuse pour les diabétiques, des chansons qui se ressemblent toutes et racontent des chagrins d’amour sur un doo-wop mêlé de rock and roll assoupi. Le genre était léger, mais pas à prendre à la légère, tant ces chansons industrialisées dans les studios de Phil Spector ou d’autres ont aussi servi les revendications d’indépendance des jeunes femmes de l’époque. L’histoire de Lesley Gore à ce titre symbolique.
Comme beaucoup d’adolescentes de 16 ans, elle rêvait de succès musical dans son New Jersey boring du début des années 1960 et a fini par convaincre ses parents de lui payer un professeur de chant. C’est lui qui, après avoir repéré sa voix claire et bien posée, capable d’atteindre des notes hautes sans trembler, lui a fait coucher quelques chansons sur une cassette avant de l’envoyer à plusieurs labels. Et c’est Quincy Jones, alors directeur artistique chez Mercury Records après une carrière de musicien déjà dense, qui l’a fait venir pour la tester, mais elle avait déjà été repérée par la maison alors qu’elle se produisait dans le circuit des clubs locaux. Future star de la production musicale avec Michael Jackson, Quincy Jones n’a alors pas encore signé de gros coup dans le monde de la pop et mise beaucoup sur Lesley Gore. Jusqu’à passer des heures chez ses parents à écumer des dizaines de chansons qui pourraient accrocher avec la personnalité de la jeune femme.