
Justin Wellington, Iko Iko (My Bestie) (feat. Small Jam) (Sony Music, 2021)
Le tube de l’été 2021 a plus de soixante-dix ans et probablement bien plus encore, tant ses origines se perdent dans les limbes de la musique qui n’a jamais été enregistrée. Cette chanson s’appelle aujourd’hui Iko Iko (My Bestie), chantée par Justin Wellington et elle a déjà une histoire en elle-même. Justin Wellington est une star dans son pays, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où sa musique perpétuellement feel good mélange reggae, zouk, reggaeton et hip-hop. Il a fait quelques petits tubes locaux jusqu’ici, mais c’est avec Iko Iko qu’il connaît aujourd’hui un succès vraiment inattendu, plus de trois ans après la sortie de sa version de cette chanson que tout le monde connaît déjà et qui ouvrait, entre autres, le film Rain Man en 1988. La reprise, toute de synthé en plastique et percussions mécaniques, mêle une rythmique vaguement calypso, un dégagement romantique et un ragga sans forcer. On se croirait dans un morceau de Sting et Shaggy, ou quand le DJ allemand Robin Schulz avait rajouté un beat dégueulasse sur le délicat Over the Rainbow de l’Hawaïen Israel Kamakawiwoʻole. C’est tranquillement insulaire, mollement exotique, parfait pour le barbecue-pétanque de 16 heures à Vieux-Boucau-les-Bains. La chanson aurait pu rester un petit succès en Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais TikTok, l’application qui fait aujourd’hui les tubes à l’aide de chorégraphies virales, l’a fait remonter depuis le printemps pour en faire, depuis un mois, le titre le plus diffusé à la radio en France. Tout est prêt pour que tout le monde ait Iko Iko dans la tête en vacances, une fois de plus.
Car cette chanson fait partie, avec What a Wonderful World ou Seven Nation Army, des vers d’oreille parfaits qui trouveront toujours une place dans les écoutes, génération après génération, quelle que soit la variation qu’on leur fait subir. Ça fait des décennies que ça dure, car la première version enregistrée de Iko Iko, au milieu des années 1950, était déjà inspirée par des chansons entendues dans la rue. À l’époque, James « Sugar Boy » Crawford était un musicien de La Nouvelle-Orléans signé par le label Chess, grande maison du blues et du rhythm and blues, qui cherchait à renouveler le petit succès obtenu par un premier 45 tours.