Dans une salle étroite et mansardée, au dernier étage d’un vieil immeuble de Pontoise (Val-d’Oise), tout le monde se tait. Autour des tables disposées en cercle, ils sont sept hommes et deux femmes. Plusieurs ont giflé leur compagne ou ex. L’un d’entre eux lui a ouvert l’arcade, un autre l’a traînée au sol, par les cheveux. Tous sont réunis pour suivre un stage de responsabilisation pour auteurs de violences conjugales. La majorité l’effectue dans le cadre d’une « composition pénale », une alternative aux poursuites proposée par le procureur : l’auteur reconnaît les faits et choisit d’assister à ce module plutôt que de passer devant un tribunal. Certains, dont les actes sont plus graves, ont été condamnés en correctionnel et le stage fait partie de leur peine. D’autres enfin, en attente de leur jugement, sont là en raison du contrôle judiciaire auquel ils sont soumis. Dans les trois cas, le stage est obligatoire et payant, entre 150 et 350 euros selon les structures.
Les Jours ont suivi pendant un mois quatre sessions de deux heures à Pontoise, au sein de l’association Espérer 95 qui figure parmi les premières en France à avoir dispensé ce type de stage mis en place depuis 2004. Ici, les groupes sont mixtes. Se trouvent donc, parfois, au milieu de ces hommes violents, une ou deux femmes dans la même situation. « Pour nous, l’entrée dans le stage n’est pas le sexe, mais l’acte en lui-même », estime Élise Morienne, la directrice du pôle sociojudiciaire de l’association.