De Marseille
Il y a un drapeau bleu-blanc-rouge gentiment posé sur chaque siège, du jazz cool dans les haut-parleurs avec le classique Cheek to Cheek (« Heaven, I’m in heaven… ») pour patienter. Elle serait donc là, la « France apaisée » que vantait Marine Le Pen avec son slogan de l’été dernier, dans ce théâtre Jules-Verne de Bandol (Var), qui attend vendredi 3 mars le premier meeting départemental du Front national pour la présidentielle. Bientôt, les 500 places seront presque toutes occupées dans cette salle où, en avril, on donnera Le Schpountz, de Pagnol. Mais ce soir, c’est une représentation du Front, pour laquelle le secrétaire départemental Frédéric Boccaletti, 43 ans et historique du Front, chauffe le public. Non, assure-t-il, « nous ne sommes pas les fascistes au couteau entre les dents » : en cas de victoire à la présidentielle, « il n’y aura pas un séisme à Marseille, un raz-de-marée en Bretagne et une invasion de criquets à Paris ». Ouf ! Parce que la question se pose : face à une gauche à deux têtes qui risque l’élimination dès le premier tour et une droite qui se déchire et s’éparpille façon puzzle, l’éventuelle victoire de Marine Le Pen, qui ne dit plus son nom ni son parti sur ses affiches bleues, s’inscrit dans le rang du possible – à condition de passer l’obstacle Macron.
Et c’est notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), région où les frontistes captent en moyenne un quart de l’électorat depuis plus de trente ans, que la question se joue.