De Marseille
Pascal Brun a deux boucles à l’oreille et un tee-shirt Black Sabbath. L’autre jour, il est allé voir Trust en concert à Toulon et a grimacé quand le groupe de hard rock, historiquement engagé contre le FN, a voulu évoquer la question. Selon lui, la moitié de la salle a râlé sur le thème « on n’est pas venus pour ça ». « Et ce n’étaient pas des nazis, relève le syndicaliste. C’est juste qu’une forme de banalisation s’est installée dans un inconscient collectif. Et c’est le plus inquiétant. » À mesure que le Front national monte, la mobilisation militante baisse : voilà le paradoxe contre lequel Pascal Brun tente de lutter, dans cette région de Provence-Alpes-Côte d’Azur où le FN se bâtit un fief. Et ce n’est pas évident : « C’est un travail ingrat. On se bat, on se bat, et on voit d’élection en élection que ça ne recule pas. Eux, ils ont une dynamique, une présence médiatique, une force militante. »
Pascal Brun anime avec d’autres la Codex 83, la Coordination départementale contre l’extrême droite, qui regroupe certains collectifs installés dans les municipalités « occupées » par le FN – on en compte trois dans le Var (Fréjus, Cogolin, Le Luc). Il vient de sortir le numéro deux de leur petit journal, histoire de « démontrer qu’ils ne sont pas plus propres qu’ils le prétendent, et que ce qu’ils font dans les mairies est contraire à leur discours ». Mais la tâche est rude, nous explique-t-il dans les locaux du syndicat Solidaires à Toulon.