Il y a eu la dédiabolisation du Front national (FN), il y a eu la normalisation du Rassemblement national (RN) mais la troisième mue du parti d’extrême droite, on ne l’avait pas vue venir : la larmisation. Cinquante ans pile après qu’ils fondèrent le FN en 1972, l’ancien Waffen-SS Pierre Bousquet et Jean-Marie Le Pen doivent faire la toupie dans leurs tombes respectives (comment ça, il est pas mort, Le Pen ? Bof, un détail, comme il disait. Et de toute façon, l’avenir nous donnera raison) à l’idée que leur affreux gniard verse désormais dans la chouine. Mais voilà, c’est un fait : la larmisation du Rassemblement national est l’ultime stratégie adoptée par Marine Le Pen pour accéder à l’Élysée. Sortez vos mouchoirs, c’est déchirant.
C’était à douze minutes de la fin de son meeting de Reims, samedi dernier, celui qui marquait le début officiel de sa troisième campagne présidentielle. D’un mouvement absolument pas spontané, Marine Le Pen s’écarte du pupitre derrière lequel elle déroulait depuis près d’une heure son charmant programme, s’avançant au bord de la scène pendant que la lumière se tamise : « Et maintenant, les amis, je vais prendre quelques minutes pour vous parler de moi », lance-t-elle à la salle, abandonnant le ton harangueur du meeting pour celui, feutré, de la confession. Elle écarte les bras, fataliste :