C’est au moment où nous nous sommes demandés sur quoi nous allions partir pour ce cinquième épisode des Garriberts battent la campagne que nous nous sommes répondus : mais bien sûr, on va partir sur un « Top chef d’État ». Déjà, parce que M6 étrennait cette semaine la treizième saison de Top chef où, évidemment la rituelle expression « on va partir sur… » (des rillettes déstructurées, un espuma de citron caviar, un espadon terre-mer, cochez votre réponse) n’a pas manqué d’être serinée. Ensuite, parce que, dans cette ahurissante campagne présidentielle, la télé, éponge de son époque, s’adapte et la moindre émission devient sursignifiante (vous pensiez que Je te promets, le titre de la série que diffuse TF1 en ce moment, c’était un hasard ? Allons, allons…). Enfin, parce qu’au-delà des certes captivants thèmes de l’immigration (comprendre, les Arabes) et de la sécurité (comprendre, les Arabes), un sujet enfle et enfle : le manger. Sur la forme, avec la pythie sondagière de chez Ipsos, Brice Teinturier parlant d’une « campagne Tefal » tant aucune proposition des candidats ne semble « accrocher ». Sur le fond, avec le nouveau régime du communiste Fabien Roussel qui, vu que ce n’est pas trop 2022, ne mange plus d’enfants mais de la viande, au point d’en faire un étendard contre les autres candidats de gauche (si vous n’avez pas suivi, ramassez votre mâchoire, on va vous expliquer). Sur le fond, encore, avec le popotelitologue Jérôme Fourquet, qui le déclare au Figaro : « Dans notre société désidéologisée, l’acte de consommation revêt une dimension statutaire. » Bref, en 2022, on va voter avec les dents.
Cauchemar en cuisine électorale
Les boulettes de Pécresse, le trompe-l’œil de Le Pen… « Les Jours » aiguisent leurs couteaux et jugent les candidats en mode « Top chef ».
Texte
Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts
Photo
Hamilton/Pool/Abaca
Édité par
Lucile Sourdès-Cadiou