Telles des vagues se succédant les unes aux autres sur un océan d’huile, elles sont apparues, profondes, épaisses : une, deux, trois, quatre… Dans le clip de campagne, on a compté jusqu’à huit rides s’échouant sur la grève de l’auguste front pour se perdre dans la racine des cheveux (déjà gris
Rappelez-vous, c’était il y a même pas trois semaines, on regardait d’un œil bovino-ferroviaire passer les trains de la campagne, il y avait les deux d’extrême droite alimentés au carburant xénophobe, celui de la droite victime d’une erreur d’aiguillage et les petits wagons isolés de la gauche, peinant salement dans les montées. Quand soudain, boum la guerre. Déraillés les trains, explosés les wagons, empêtrée l’extrême droite dans ses bisous-bisous à Poutine, à l’arrêt la campagne. Et un Macron toujours pas candidat, pas le temps, vous comprenez, la guerre.
Enfin, comme la date de péremption approchait, il fallait bien y aller. Mais tout doux, hein, s’agirait pas que le candidat Macron aille faire de l’ombre au Président-chef de guerre-père de la nation-standard téléphonique de l’Union européenne. Alors qu’on nous la promettait « punk », c’est une campagne lo-fi qui nous est servie, avec, pour sa première semaine, trois temps qu’on n’ose qualifier de forts : un remake de la lettre aux Français de Mitterrand 88, un ersatz de grand débat dans les Yvelines et une série publicitaire maquillée en docu Netflix

Preuve de cette campagne atone et désormais vitrifiée par la guerre de Poutine en Ukraine, le coup du sourcil gauche de Macron, c’était l’acmé, la cascade, la seule scène d’action du premier épisode de la série Le candidat.