Soudain, le générique s’est déclenché, les synthés ont retenti. En silence, les débatteurs se sont guettés. Ils ont relu une dernière fois leurs fiches, croisé les bras, relaxé les jambes. Un assistant, avec une grosse horloge posée devant lui, n’a pas bronché. Nous sommes en février 1983. France 3 Rhône-Alpes organise et diffuse un dernier débat entre les candidats pour les municipales.
À gauche de l’écran, Francisque Collomb, le maire sortant de centre droit, qui se représente à 72 ans pour un second mandat. En haut à droite, Michel Noir, 38 ans, jeune loup RPR promis au plus bel avenir politique. En bas de l’écran, un jeune député socialiste du Rhône de 35 ans, élu à l’Assemblée nationale deux ans plus tôt, dans la vague rose de François Mitterrand. Costume clair, cravate bleue, binocles imposantes, moustache conséquente et ton professoral, il se nomme Gérard Collomb.
« Passons aux propositions d’avenir. Quelles sont, Gérard Collomb, les principales de votre programme ? », questionne Michel Lemerle, journaliste à France 3. « Nous pensons qu’une cité, qu’une municipalité, a à se soucier de son avenir économique. Il faut qu’elle veille à ce que, dans cinq ans, dans dix ans, le potentiel économique de Lyon soit un potentiel renouvelé, dynamique », démarre l’élu socialiste, comme premier point essentiel de son programme. « Il est par exemple tout à fait dommage que la municipalité n’ait jamais eu le souci de réunir et de faire dialoguer sur les problèmes économiques les chefs d’entreprise, les universitaires, les chercheurs », regrette Gérard Collomb.
1983. C’est sa première candidature à la mairie de Lyon. Un échec, premier d’une longue liste. Cette année-là, les socialistes lyonnais n’obtiennent aucune mairie d’arrondissement et seulement onze conseillers municipaux. Mais déjà, les fondations du système Collomb sont posées. Ce fameux « modèle lyonnais » qui cherche à rassembler élus, entrepreneurs et universitaires au-delà des clivages politiques et économiques. Pendant plus de quarante années de vie municipale, Gérard Collomb a défendu ce modèle. Comme maire et président de l’agglomération depuis 2001, il a voulu faire de Lyon une métropole « ouverte », « dynamique », essentiellement tournée vers le développement économique et le rayonnement à l’international. Un véritable laboratoire de la Macronie avant l’heure.