«On a gagné ! On a gagné ! » Le poing levé, elle traverse le couloir menant à son bureau de maire, s’adressant tout sourire à ses collaboratrices. Auprès de nous, elle s’excuse de son retard. « J’étais au tribunal pour défendre un mineur non-accompagné guinéen de 15 ans. Le juge des enfants a sommé la métropole de le mettre à l’abri », explique-t-elle, fière. Dans son bureau de la place Sathonay, le décor soigné tranche avec des piles de dossiers qui s’entassent sur le canapé ou à même le sol. La période semble particulièrement chargée.
Depuis quelques semaines, un engouement s’est créé autour de la maire de gauche du Ier arrondissement de Lyon. Une hype Nathalie Perrin-Gilbert, dite « NPG », qui a dépassé le million de vues sur son compte Facebook avec sa prise de parole inspirée, le 5 novembre en conseil municipal, contre le retour de Gérard Collomb dans le fauteuil de maire. Comme nous le racontions ici (lire l’épisode 2, « Gérard IV, retour sur le trône »), Nathalie Perrin-Gilbert y égrenait les « 15 000 raisons de ne pas revenir », comme autant de jours écoulés depuis la première élection du baron au conseil municipal en 1977. Et comparait Gérard Collomb à l’empereur Palpatine, le seigneur noir de Star Wars, quelques jours après l’avoir croqué en Bouteflika de la politique lyonnaise. À défaut d’une opposition de droite, Nathalie Perrin-Gilbert incarne, à gauche, « l’opposante » au baron. La semaine dernière, son visage s’affichait en bonne place sur les panneaux des kiosquiers de la ville, à la une du journal Lyon Capitale, qui pose sérieusement la question pour les municipales : « Et si c’était elle ? »
Car Nathalie Perrin-Gilbert, 47 ans, n’est pas qu’une excellente communicante. Elle a une image jeune, dynamique et moderne, mais est loin d’être novice en politique. Entrée au conseil municipal en 1995, élue maire du Ier arrondissement depuis 2001. Un cumul des mandats dans le temps presque antinomique à son discours sur la longévité de Gérard Collomb à l’hôtel de ville. « Oui, ça peut être contradictoire, mais avec certaines limites. Je n’ai jamais cumulé des fonctions de façon verticale. J’ai toujours considéré qu’un mandat, ça engageait, et qu’à partir du moment où on cumulait, ce n’était plus l’élu qui prenait les décisions, mais des cabinets, des hommes et des femmes de l’ombre », plaide Nathalie Perrin-Gilbert.

Les bras croisés, elle s’agace quand on lui rappelle que c’est Gérard Collomb qui l’a lancée dans l’arène politique.