Au moment où l’Assemblée nationale a voté la loi anticasseurs en première lecture, mardi après-midi, on a eu une pensée pour François Sureau. Oui, François Sureau, cet avocat-écrivain et compagnon de route d’En marche, talentueux défenseur des libertés publiques à la verve si enlevée que ses questions prioritaires de constitutionnalité sont devenues un livre. La veille du vote, dans une interview très commentée au Monde, François Sureau traitait alternativement les députés de « nains de jardin » et de « suce-pieds ». Il y va un peu fort, qu’on s’était dit, laissez-leur une chance.
Mardi après-midi, 387 députés ont voté pour la proposition de loi anticasseurs, 92 contre et 74 se sont abstenus. 50 députés En marche font partie de ces abstentionnistes (un record), mais pas un n’a voté contre le texte. Ni Sonia Krimi qui, pas plus tard que mardi, voulait convaincre tout le monde de le faire, ni Sacha Houlié, le petit supporter indocile (il a même voté pour), ni Paula Forteza, ni Aurélien Taché… Pourtant, le parti majoritaire avait promis de ne pas les exclure. On imagine quelles insultes désuètes ont dû venir à l’esprit de François Sureau : poltrons, capitulards, ou régime de bananes.
Lors des explications de vote, les groupes ayant permis son adoption ont figé leurs positions : « un texte équilibré qui préserve le droit de manifester » (Jean-François Eliaou, En marche), « malgré ses insuffisances et ses lacunes » (Éric Ciotti, Les Républicains) et quelques réserves sur l’interdiction administrative de manifester (Modem, UDI).