Mardi 2 avril 2019, 19 heures. François de Rugy est à la tribune de l’Assemblée nationale. Le ministre de la Transition écologique doit réagir aux propositions d’une vingtaine de députés de tous bords sur le thème de l’environnement, premier sujet du grand débat à être examiné dans l’hémicycle. Car oui, le grand débat fait étape au Parlement. « Ce grand débat a été utile et précieux, il y aurait quelque chose d’absurde à ce qu’il déroule partout, sauf ici », a dit peu auparavant le Premier ministre, Édouard Philippe. Mais François de Rugy prend son temps avant de répondre aux interventions. Il raconte qu’il a rencontré de nombreux gilets jaunes, parle d’un sentiment de ras-le-bol fiscal justifié car les impôts ont beaucoup augmenté sous Hollande et sous Sarkozy, cite le nom de tous les garants du grand débat pour les remercier, salue les jeunes qui manifestent pour le climat… Sur son banc, Christian Jacob s’énerve. Le président du groupe Les Républicains crie, à plusieurs reprises : « Mais concrètement, vous proposez quoi ? » François de Rugy lui répond alors directement : « Monsieur Jacob, vous savez que nous respectons les différentes étapes. En tant que ministre, je ne vais pas faire des propositions alors qu’il y a une restitution qui va avoir lieu le 8 avril. » Une voix lance alors : « Mais que faisons-nous ici ? »
Ainsi va le grand débat. Officiellement, il est clos depuis le 15 mars. Les prestataires désignés par le gouvernement pour analyser les contributions des Français (lire l’épisode 27, « Grand débat : les résultats en route vers la grande déroute ») sont en train de mettre la dernière main à leur rapport de synthèse, qui doit donc être rendu public lundi prochain. Mais, pendant ce temps d’attente, il continue de s’organiser moult réunions au statut indéterminé. Précédemment, on vous a raconté le déroulement d’une conférence citoyenne régionale (lire l’épisode 33, « Grand débat : le flou du spectacle »). Les participants avançaient des idées sans savoir ce qu’elles allaient devenir, si elles feraient, par exemple, l’objet d’une réponse écrite de la part du gouvernement. Eh bien, les députés n’ont pas bénéficié d’un meilleur traitement. Au premier jour de ce grand débat à l’Assemblée – il s’achèvera ce mercredi –, certains sont venus pour tacler le gouvernement, d’autres avec des mesures très concrètes. Mais, malgré la présence de nombreux ministres, ils n’ont reçu en retour que de très vagues indications sur les intentions de l’exécutif.

Dès le début de la séance, on se rend compte que le Parlement ne cassera pas sa routine pour ce grand débat.