Les délais étaient impossibles à tenir, ils n’ont pas été tenus. Les Jours sont en mesure de vous révéler que la moitié des contributions des Français n’ont pas été analysées pour la restitution du grand débat. Parce qu’ils n’ont pas été numérisés à temps par la Bibliothèque nationale de France (BNF) et parce que n’ont été pris en compte qu’une partie des cahiers citoyens, des comptes rendus des réunions d’initiative locale et des lettres envoyées à la mission du grand débat. Mais, pour ne pas gâcher la fête, ni le gouvernement, ni les garants, ni les prestataires ne l’ont avoué ce lundi, lors de la séance de restitution (lire l’épisode 36, « Le petit débit du grand débat »). De la même façon qu’ils n’ont pas dit que la moitié des textes rédigés sur la plateforme en ligne sont des copier-coller des mêmes remarques, ce qu’a mis au jour Le Monde. Conjuguées, ces deux informations invalident totalement les résultats qui circulent depuis quarante-huit heures sur ce que désirent les Français qui ont participé à cette consultation.

Cette révélation, nous l’avons obtenue par hasard, en discutant avec un membre de l’équipe choisie par le gouvernement pour mener l’analyse des contributions libres (le consortium composé des entreprises Roland Berger, Cognito et Bluenove). Nous lui demandions si son travail était fini. Il nous a alors lâché que non, qu’il y avait encore des contributions à analyser dans les semaines à venir. Cela nous a fortement surpris : aucune indication de cette sorte n’a été donnée ce lundi. En présentant sa méthode d’analyse, Laurent Benarousse, directeur associé chez Roland Berger, a seulement déclaré : « Notre groupement a été en charge des contributions de format libre. À savoir, l’issue des 16 000 mairies ayant ouvert des cahiers citoyens, les 27 000 courriers et emails envoyés par les Français et les 10 000 comptes rendus de réunions locales qui se sont tenues un peu partout sur notre territoire. C’est ainsi que quelque 400 000 pages, souvent au format papier et manuscrites, ont tout d’abord été numérisées et transcrites par la Bibliothèque nationale de France en un temps record, nous permettant de constituer un corpus digitalisé inédit de la parole des Français. »
Pourtant, l’information est bien publique, mais cachée au sein d’un des rapports publiés sur le site du grand débat ce mardi. Page 23 de