Le 14 juin 2017, à 8 heures du matin, les gendarmes de la section de recherches de Dijon qui ont repris l’enquête sur l’assassinat, le 16 octobre 1984, de Grégory Villemin, 4 ans, se présentent à la porte de la maison peinte en mauve de Marcel et Jacqueline Jacob, au 365 chemin de la côte à Aumontzey, dans les Vosges, et les placent aussitôt en garde à vue. Les deux septuagénaires, grand-oncle et grand-tante de Grégory, seront mis en examen pour « enlèvement et séquestration suivie de mort » de leur petit-neveu, incarcérés quelques jours puis libérés et placés sous contrôle judiciaire avec obligation de résider loin des Vosges et séparément. Mercredi 25 octobre, l’avocat de Marcel Jacob, Me Stéphane Giuranna, a demandé un allègement de ce contrôle judiciaire. Le procureur Jean-Jacques Bosc y est opposé, redoutant que les époux Jacob, qui doivent être entendus séparément les 10 et 17 novembre prochains par la juge en charge de l’enquête, ne s’entendent avant sur une version commune. Me Stéphane Giuranna argue en défense qu’après 33 ans de vie de couple, si les Jacob « étaient impliqués, ils avaient tout le temps d’avoir une version commune ». Ce vendredi, la chambre d’instruction de Dijon a rejeté la demande de révision de leur contrôle judiciaire.
Ces retraités de la filature locale, tous deux ex-délégués syndicaux de la CGT, sont nés à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Lorraine. Lui en 1945 dans ce même village, elle en 1944 à Granges-sur-Vologne. Marcel Jacob est le frère de Monique Villemin, mère de Jean-Marie, grand-mère de Grégory. Les Jacob se sont mariés le 16 octobre 1965, dix-neuf ans jour pour jour avant la disparition de leur petit neveu Grégory Villemin, et passent pour un « couple fusionnel » dans le coin, inséparables. Jusqu’ici, ils n’avaient jamais été inquiétés dans l’affaire et sont passés totalement sous le radar médiatique. Mais désormais, la juge Claire Barbier et les gendarmes de Dijon les soupçonnent d’avoir pu incarner le corbeau à deux voix ayant déversé des appels anonymes sur la famille Villemin au début des années 1980, et peut-être même d’avoir joué un rôle dans le rapt ayant abouti à la mort du fils du « chef » Jean-Marie Villemin. Depuis l’accélération de l’enquête, en 2015, se dessine en effet le scénario d’une machination familiale allant bien au-delà de Bernard Laroche et touchant d’autres membres de la famille. Et notamment le couple Jacqueline et Marcel Jacob.