Victime collatérale de la bérézina judiciaire du dossier Grégory Villemin, le colonel de gendarmerie Étienne Sesmat a déposé le képi en 2006 pour se délier du devoir de réserve et déballer les dessous des « deux affaires Grégory » (du titre de son ouvrage publié en 2006 aux Éditions Belfond), à savoir « le fiasco et le crime ». Le livre est dédié « à Grégory » et « à Maurice Simon, le grand juge », opposé au « petit juge » Lambert, qui l’avait accusé de trahison. Bien avant les rebondissements de l’été 2017, ce livre prémonitoire démontre que ce fait divers prétendument enveloppé « de faux mystères et de divagations dingues » est en réalité résolu depuis bien longtemps. Aux yeux du capitaine Sesmat, « l’énigme n’existe pas », « la piste Laroche était la bonne ». D’ailleurs, la justice l’a reprise en 2008, « là où on [la gendarmerie, ndlr] l’avait laissée », au bout d’un tiers de siècle d’égarements de la police judiciaire et d’écrans de fumée utilisés comme tactiques de défense par des avocats. En février 1985, son service avait été dessaisi et l’enquête confiée au Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Nancy. « Or, la gendarmerie, traînée dans la boue, est l’institution qui a le moins de choses à se reprocher et la seule pourtant qui a dû rendre des comptes. » Devenu directeur de la sûreté de la régie des transports de Marseille, à 63 ans, Étienne Sesmat, longiligne au regard direct, yeux bleu azur et teint clair, entend remettre les choses à l’endroit et se fait « un devoir de témoigner », notamment pour Les Jours. « Sinon, les gens refont l’histoire à votre place et l’on devient bouc émissaire. »
![Étienne Sesmat](/ressources/image/ep15-etienne-sesmat-img-header.jpeg)