Boutcha et Kharkiv (Ukraine), envoyé spécial
«Àl’aide d’une pelleteuse, j’ai creusé ce trou seul. Et j’y ai enterré les corps d’habitants tués par les Russes », se souvient le prêtre Andriy Pervozvannyi à Boutcha, la ville ukrainienne qui a sombré dans l’horreur sous l’occupation des soldats de Vladimir Poutine (lire l’épisode 11, « “Je ne peux plus dormir, je n’ai que du sang dans les yeux” »). Des centaines de cadavres de civils y ont été découverts après l’annonce, le 29 mars dernier, du retrait militaire russe de la région de Kyiv. Des corps à même le sol sur les routes, sur les trottoirs ou dans des fosses communes, parfois défigurés. Quinze jours plus tard, le 13 avril, un policier sécurise le parc de l’église où sommeillent sous terre les 70 cadavres inhumés par le père Andriy. C’est le second charnier de la ville. Les enquêteurs du bureau du procureur de l’agglomération et des volontaires en débutent l’expertise. Un tas de sable surplombe les bénévoles revêtus de blouses grises. À quatre, ils ont pour mission de déblayer la zone pour révéler le lieu de l’inhumation.
« On a commencé à chercher les corps le 7 avril, explique Andriy Kravchenko, le chef des enquêteurs. Cette fosse était temporaire. Maintenant, nous sortons les cadavres et nous apportons un premier diagnostic. Presque tous les corps ont un impact de balle dans le dos ou dans la nuque. On considère cela comme un crime de guerre. » Autour de lui, les cadavres sont placés dans des sacs mortuaires noirs.