Après la découverte du massacre de Boutcha (lire l’épisode 11, « “Je ne peux plus dormir, je n’ai que du sang dans les yeux” »), dans la banlieue de la capitale ukrainienne Kyiv, où des centaines de civils ont été abattus lors de l’occupation de la ville, l’armée russe est mise en cause pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité (lire l’épisode 9, « “Les images doivent être étayées par des preuves” »). Derrière cet événement se pose la question de l’encadrement et de la formation des soldats russes envoyés en Ukraine, qu’ils soient militaires de carrière ou engagés volontaires. Thomas Da Silva est doctorant en études slaves au Centre de recherches pluridisciplinaires multilingues de l’université de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Il a enquêté auprès de ces engagés volontaires russes dans la guerre du Donbass en 2014, avant que le conflit de 2022 ne lui ferme les frontières de la Russie comme à de nombreux chercheurs. Pour « Les Jours », il retrace les motivations de ces soldats souvent débutants et la façon dont ils ont été très rapidement envoyé au feu.
«Tout le monde s’en fout de la guerre… Tu vois les gens qui marchent dans la rue ? Ils ne s’intéressent pas à nous. Pourtant, j’ai des copains qui y sont restés. » C’est ainsi, calmement et d’une voix pleine d’amertume, que Boris me fait part de sa frustration à propos de la guerre dans le Donbass à laquelle il a participé en tant que combattant volontaire russe.
Quand je le rencontre à l’automne 2019, alors que la guerre dure depuis plus de cinq ans dans cette région de l’est de l’Ukraine, elle n’est plus dans le champ médiatique.