À Kherson (Ukraine)
Derrière le zinc en bois de son café, Angela a poliment attendu que l’interview se termine pour se livrer. On était rentrés là au hasard, un petit café sombre et vide aux airs de taverne, planté au bord d’un trottoir de la banlieue résidentielle de Kherson. Un endroit approprié pour écouter l’histoire d’une habitante accusée il y a quelques mois d’avoir tramé avec l’occupant russe
Puis elle s’est approchée, addition en main, et a commencé à raconter. Un peu avec précipitation et, très vite, avec des larmes sur le visage, elle évoque sa vie à Kherson, le départ de ses enfants, son obligation de rester pour prendre soin de sa mère de 82 ans. Ces explosions, permanentes, proches et lointaines, jour et surtout nuit, qui la figent et la terrorisent. Ces banals problèmes de vie dans une zone de guerre. Elle cherche à comprendre comment mettre la main sur des certificats, sorte de chèques restaurant humanitaires permettant de récupérer de la nourriture aux supermarchés du coin.
Il faut trouver les points de distribution, s’y rendre tôt le matin et attendre, sous ce ciel toujours menaçant.